Al Moqarnas

Élément architectonique identitaire et référence incontournable pour l’architecture paramétrique contemporaine.

 

Depuis sa création sur terre, L’homme cherchait à construire son abri en réponse à un besoin vital qui s’est développé avec le temps d’où la naissance d’un patrimoine architectural et urbain exceptionnel reflétant l’ampleur de son savoir-faire et sa maitrise du génie du lieu et témoignant ses capacités intellectuelles et physiques mystérieuses que nous continuons à déchiffrer jusqu’à ce jour.
Aujourd’hui et après des siècles de son apparition et la généralisation de son emploi à travers tous le territoire islamique, El muqarnas constitue de nouveau, une leçon à apprendre par cœur pour pouvoir se relancer dans l’architecture paramétrique actuelle. Ainsi El muqarnas cet élément architectonique appartenant à l’héritage artistique islamique rayonne avec de multiples renseignements pour la configuration des éléments tridimensionnels notamment la modélisation numérique des façades paramétriques avec les logiciels Grasshopper et Rhinocéros.

Sa définition :
El muqarnas dans sa définition générale est considéré comme substance ornementale et décorative composée de différents éléments concaves dont le niveau inférieur d’une cellule constitue le niveau supérieur d’une autre avec un décalage de superposition ce qui forme des stalactites ou des nids d’abeille.

Son origine :
Selon les archéologues, l’origine du muqarnas est sassanide et remonte à la civilisation persane dont le premier exemple a été retrouvé dans la période (224 à 651 après J.-C.), mais l’ensemble des historiens se mettent d’accord sur le fait que cet élément architectonique n’a connu son essor et son importance décorative que sous la régence des musulmans ce qui a fait de ce dernier un élément identitaire de l’architecture islamique à partir du 10 ème siècle dont les premiers modèles phares ont été enregistrés dans le nord de l’Iran « la ville de Nishapur » ainsi qu’à « la ville de Samarkand » au niveau de l’Ouzbékistan.

Son essor :
 Période des abbassides :

Selon Yasser Tabbaa, l’origine orientale des muqarnas se trouverait en Iraq. La raison principale de cette affirmation est la présence de pendentifs de muqarnas très développés et documentés par l’archéologie dans le palais califal à Bagdad (xe siècle). 1
D’autre part, le dôme de muqarnas le plus ancien se trouve dans la tombe de l’Iman al-Dawr à Samarra (1085). Comme l’explique Y. Tabbaa, ce mausolée situé dans un petit village serait la preuve que leur origine serait à trouver à Bagdad, capitale de l’Empire abbasside et non dans un lieu reculé. Malgré la disparition des anciens dômes de muqarnas à Bagdad, Y. Tabbaa présente deux miniatures de vues de la ville datées de 1468 et 1537, où apparaissent de nombreux dômes de muqarnas. Ce qui affirme que l’usage de cet élément artistique a commencé sa propagation au moyen orient à partir de l’ Iraq. 2

Dôme des muqarnas de la tombe
d’Iman al-Dawr, Samarra (Iraq, 1085)

 Période des mamlouks

Cette période a été caractérisée essentiellement par la naissance du muqarnas de style cairote  qui constitue une caractéristique importante dans la plupart des travaux post- fatimides, en particulier ceux employés par les Mamelouks. Contrairement à leurs homologues persans élégants et plus fins, les muqarnas de style cairote sont beaucoup plus grands, généralement en pierre et concentrés dans un espace limité. Ils font aisément le lien avec les murs qui les entourent, ce qui renforce la structure dans cette région du monde sujette aux tremblements de terre. 3

De plus, l’utilisation des muqarnas dans la période des mamlouks a été généralisée sur l’ensemble des ouvrages monumentaux à l’exemple des coupoles, des mausolées et des porches d’entrée.


Le Caire, Égypte porte  dans la période de mamlouk (Ali ziraar)

Période des seldjoukides
Les premiers muqarnas de la dynastie seldjoukide (1032) sont apparus en Iran-Irak à la fin du XIe siècle,; Ils se propagent rapidement en Syrie, en Turquie, en Egypte et en Andalousie au siècle suivant. Au XIe siècle, la littérature persane l’ évoque pour la première fois de 1077- 1078 sous le nom de « pieds de gazelle » (Ahou Pais). En outre, on constate que les principaux monuments des seldjoukides notamment les palais, les mosquées et les
caravansérails, ont été caractérisés par l’emploi varié des éléments décoratif en particulier, le recours à la voûte en stalactites ou nids d’abeilles (muqarnas); qui se détachent vigoureusement sur la façade et font usage de toutes les ressources de l’art décoratif sculpté, y compris parfois de figures animales, voire humaines. 4


Jomhoori Eslami à  Machhad, Iran édifié en 821(Zirrar Ali)

Période des nasrides
El muqarnas dans la période des nasride a connu une valeur particulière grace à son emploi dans le fameuse perle historique et patrimoniale l’Alhambra où on constate la présence de la grande caractéristique des compositions géométriques à base de mocarabes et que l’on peut en couvrir n’importe quel type de surface et volume inversé ; cela permet son utilisation pour la décoration de consoles, d’arcs, de coupoles … Mais son application la plus surprenante reste la décoration des plafonds, comme ceux de la Sala de Dos Hermanas y Abencerrajes, un authentique prodige de cette spécialité décorative.

Dôme de la salle des Dos Hermanas, Alhambra à Grenade (xive-xive siècle)

 

Son génie :
Le génie du muqarnas réside dans la combinaison tridimensionnelle qui était employée pour des raisons géométriques dont la principale est la transition formelle du carré au cercle ou à l’octogone. Mais aussi pour des raisons structurelles, où les muqarnas jouaient le rôle de porteur pour éviter la surcharge massive de la pierre. Sans omettre la valeur esthétique et ornementale unique et splendide résidant dans la multiplication d’un élément ornemental façonné en trois dimensions sans laisser le moindre vide entre une cellule et une autre. Ce qui affirme la parfaite maitrise des mathématiques et des algorithmes dans cette période.

Ses types :
Les principaux types de muqarnas découvert à nos jours son au nombre de sept dont les plus popolaires sont : les stalactites (pied de gazelle), les mocarabes , el muqarnas à deux centre, el muqarnas conique..etc.

Son utilisation :
El muqarnas a été employé dans l’édification cultuel comme l’édification civile où on constate sa présence dans les mosquées, les madrassa, les mausolées les minarets et les mihrabs mais aussi au niveau des palais, des hammams, les portes, les balcons …etc. Ces muqarnas ont été souvent constitués à base de stuc, de brique, de bois, de pierre et de la céramique qui étaient les matériaux les plus utilisés pour la configuration de cet élément
exceptionnel.

 

[1]  Y. Tabbaa, 1985, p. 62 ; id., 2001, p. 104. Et A. Carrillo Calderero, 2009, p. 43.

[2] María Marcos Cobaleda et Françoise Pirot p. 11-39

[3] Les muqarnas : ces structures architecturales alvéolaires qui effleurent les cieux  Zirrar Ali middle east eye septembre 2020

[4]Les palais des caravanes : Les caravansérails seldjoukides Jean-Paul Roux Septembre 1989

 

Etabli et rédigé par Sarah Zerari